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L'Histoire.

 

C’est une histoire sur le monde du travail, ou sur deux travailleurs pris au quotidien dans la rivalité et la concurrence. Leur confrontation est inévitable et conduit à la mort d’eux-mêmes et à la mort aussi de ce qui les opposés. La renaissance peut opérer et prendre forme dans un projet commun. Ils passent ainsi d’un travail subit à un désir de travailler ensemble. Un projet s’édifie sous leurs doigts.  Ils en perdent rapidement le contrôle et leur travail pris d’une étrange autonomie les entraine sur des territoires inconnus. Là où le phantasme et le quotidien ne s’oppose plus mais fusionnent pour devenir une machine folle et créative. Nous ne savons plus, si c’est le travailleur qui travaille ou si c’est le travail qui dirige le travailleur. Qui entraîne qui ?

 

 Tout au long du spectacle, il émane d'eux une humanité bancale et bricolée mais inventive et libre. A la manière de deux enfants, ils jouent pour le public une surprenante "histoire de l'évolution".

 

C’est une histoire sur le travail racontée par le corps. Au travail, le corps est contraint. L’utilisation des machines conditionne les gestes, les positions, les attitudes. Le corps, ainsi éduqué, se spécialise. Comme celui de Charlot dans « les temps modernes », il nous parle de nous, traduit en retour un certain rapport au monde.

 

Défaire les habitudes quotidiennes du corps, c’est donner la chance d’un autre rapport à soi. C’est la possibilité de mettre en avant une pensée instinctive, intuitive, directe, non séparée du corps. L’être invente son propre langage. Non pas un langage égotiste mais connecté à l’environnement, à l’autre, à sa destinée. Le corps devient poétique. 

 

C’est dans le rapport à l’autre, dans la confrontation mais aussi dans l’échange et la complicité que nos deux travailleurs élaborent un langage singulier et étonnant. Dans un jeu corporel à la fois burlesque et sensible, ils sont emmenés dans un flux d’informations qui les dépasse et transforme leur fonction de travailleur. Ils endossent une multitude d’identités. Ils les traversent toutes mais aucune ne s’impose. A la fin, reste leurs corps débarrassés de toutes significations sociales.  En écoutant la radio, buvant un whisky sous une véranda au milieu du désert, ils goutent à cette joie simple et profonde « d’être » ce qu’ils sont, c’est-à-dire des êtres ouverts sur tous les possibles.

 

C’est une histoire sur le travail racontée par des tables. Elles sont partenaires de jeux. Chacun est affairé dessus. Elles sont leurs seuls supports et constituent les seuls éléments scénographiques du spectacle. Sonorisées, elles enregistrent tous les bruits et les restituent mixés en direct dans une bande-son en constante évolution. Par un ingénieux tour de passe passe numérique, elles peuvent se colorer d'une palette sonore très variée. Elles suggèrent les différents espaces : le bureau, l’atelier, l’usine, la maquette, la ville et ses buildings, un autel, des vaisseaux spatiaux, des insectes, le désert …

 

Elles sont le prolongement du corps de nos deux travailleurs. Elles représentent leurs névroses mais pas seulement. Elles réagissent en feedback en émettant des sons. Ces sons deviennent de plus en plus autonomes et finissent par diriger notre histoire.  Ces tables représentent l'asservissement par le travail. Mais elles sont aussi par leur détournement un vecteur irrésistible vers   « humanité élargie ».

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

Attention : le spectacteur est soumis à l'expérience directe de l'action et de son Feedback

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